Un ancien commandant de Gendarmerie de Blois menacé de sanctions
L’information de source AFP était reprise dès hier sur de nombreux sites : le commandant Matelly, ancien commandant de Gendarmerie à Blois, est menacé de poursuites pour avoir dit tout haut ce que beaucoup de Gendarmes pensent tout bas au sujet de l’avenir de la Gendarmerie, qui va « être enterrée dans l’indifférence générale« . Nous évoquions déjà le 23 mars la « colère des légions« , dont les causes sont multiples. Le changement de statut, prélude selon le commandant à la disparition de la Gendarmerie avait été justifié par M. Sarkozy au nom d’une plus grande efficacité. En réalité, le petit Gouverneur de la France ne fait qu’exécuter docilement les ordres de Bruxelles, qui ne veut plus qu’il existe en Europe d’unité de Police sous statut militaire…
Pour qui connaît l’évolution de la criminalité en France, et les menaces sur notre sécurité intérieure, porter atteinte à la Gendarmerie et à son maillage territorial est un faute grave. Et dans cette affaire, qui parle encore du rôle de la Gendarmerie dans la défense du territoire ? Chacun sait malheureusement que l’armée sera la principale victime des prochaines coupes budgétaires.
Mais il y a peut-être une autre raison aux menaces à l’encontre du Commandant Matelly : n’est-ce-pas déjà lui, il y quelques années, qui avait publiquement dénoncé les manipulations opérées sur les chiffres de la délinquance, dans le seul but de faire croire à la prétendue efficacité d’un Ministre de l’Intérieur, et donc de masquer son échec ?
Cet officier de gendarmerie est taxé, par sa hiérarchie, de manquement grave à l’obligation de réserve. Il a dit la vérité ? Espérons tout de même qu’il ne sera pas exécuté.
On lui reproche notamment la rédaction, il y a quelques mois, d’un article publié sur Rue89, intitulé « La gendarmerie enterrée, à tort, dans l’indifférence générale » et là, patatras, sa chefferie lui est tombé sur la tête à bras raccourcis. Le gendarme persiste et signe, ce qui lui vaut, outre les honneurs de la presse, d’être traduit devant le conseil disciplinaire. Le reproche serait fondé : un militaire ne peut désapprouver une décision gouvernementale et encore moins user de sa plume sous la visière de son képi et en faire écho dans la presse. Le droit d’expression n’est pas menacé dans le cas Matelly et la notion de devoir de réserve s’applique à taux plein, ce que les autorités tentent de faire entendre à ce gendarme récalcitrant.
Ce devoir de réserve fait partie de la panoplie du soldat et, sans être qualifié de bovin, il doit être respecté. Si le gendarme Matelly s’est trompé de boutique, il peut toujours démissionner et intégrer la police nationale, qui, elle, est syndiquée. Fermer sa gueule, n’est peut être la meilleure façon de faire avancer les choses mais c’est sûrement le meilleur moyen d’entrer en collision avec sa hiérarchie.
Le devoir de réserve, il faut bien lire son contrat ; comme le port salut, c’est écrit dessus.
Que se passerait-il si 100.000 gendarmes passeraient outre ce devoir ? Mais, jusqu’à preuve du contraire – garde à vous gendarme Matelly ! – c’est encore le pouvoir qui décide ; si votre cerveau n’accepte plus les règles que vous avez approuvées, c’est qu’il s’est démilitarisé. Maîtrisez votre frustration, soufflez un grand coup, allez prendre l’air sur l’autoroute et si ça ne passe pas, démontez le gyrophare.
scandaleux! mais pour qui se prennent-ils?