On ne refait pas l’histoire !
« Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, et l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et ne sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets; ne pouvant pas créer, il décrète; il cherche à donner le change sur sa nullité; c’est le mouvement perpétuel, mais hélas cette roue tourne à vide !
L’homme qui, après sa prise de pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé. »
Victor Hugo
Napoléon le Petit
Août 1852
Toute ressemblance avec un personnage contemporain ne serait que pure coïncidence !