Abou Dhabi : fin du mirage nucléaire de Sarkozy
Un contrat de 40 milliards de dollars envolé… cela vaut bien la Légion d’Honneur !
14 janvier 2008. « Nicolas Sarkozy se rend à Abu Dhabi pour signer un accord de coopération dans le nucléaire avec les Emirats arabes unis. Un grand moment, forcément, pour les acteurs du secteur. Aux côtés du chef de l’Etat, tout le ‘village gaulois’ du nucléaire ou presque a fait le déplacement. Et c’est le début des chicaneries… Au sein de la délégation, on ironise, on se moque de la ‘frilosité’ du patron d’EDF, Pierre Gadonneix, qui ne souhaite pas s’impliquer dans des projets nucléaires au Moyen-Orient et risque de manquer ‘l’opportunité du siècle’.
11 novembre 2009. Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, fait un voyage éclair à Abu Dhabi pour obtenir un délai et mettre sur pied une nouvelle offre française. Le moral est bas dans le camp tricolore. On est loin de l’atmosphère de janvier 2008, lorsqu’Areva, Suez et Total annonçaient en fanfare leur volonté de bâtir des centrales sur place. »
26 décembre 2009. « les patrons d’EDF, d’Areva, de GDF Suez et de Total reçoivent les appels de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et de Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, qui leur annoncent la mauvaise nouvelle. Le consortium composé de ces quatre entreprises, appuyé par Alstom et Vinci, vient de perdre l’appel d’offres lancé un an plus tôt par Abou Dhabi pour la construction de quatre réacteurs nucléaires (Les Echos, citant Le Monde du 29 décembre).
« C’est un échec majeur. A vrai dire, ce 26 décembre, les dirigeants du consortium ne sont pas surpris. Conseillé par 75 experts chargés d’étudier les offres – dont de nombreux Américains -, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, le puissant souverain d’Abou Dhabi, a tranché en faveur du ‘produit’ de la Corée du Sud. Et au détriment du réacteur EPR dit ‘de troisième génération’, fleuron technologique d’Areva et fierté de ses ingénieurs ».
La décision prive la France d’un contrat de 40 milliards de dollars (27,5 milliards d’euros).
« Aujourd’hui, en se retournant sur les longs mois de négociation, les acteurs français assurent qu’ils ne pouvaient pas gagner ce contrat ». Le problème disent-ils, c’est le prix. « Les Coréens ont proposé un ensemble clés en main pour 20 milliards de dollars, auxquels s’ajoutera sans doute un contrat d’exploitation d’un montant équivalent; la facture des quatre EPR s’élevait à 30 milliards de dollars. Un écart de 50 %, accentué par la force de l’euro, qu’il était impossible aux Français de combler. » Mais les retards, les atermoiements et la guégerre franco-française entre EDF et GDF ont également contribué à ruiner nos chances.
C’est aussi une preuve supplémentaire des méfaits de l’Euro, qui plombe la compétitivité de nos entreprises.
C’est enfin un nouvel échec pour Sarkozy à qui l’agitation tient lieu de réflexion et de sa politique d’annonces retentissantes, qui se terminent le plus souvent par grand flop. Il s’était impliqué directement dans le dossier avec son « amie » Anne Lauvergeon qui déclarait en octobre dernier qu’ « à compétences égales, on choisira autre chose que le mâle blanc« .
En attendant, Abou Dhabi a choisi les Coréens, qui à compétences égales préférent embaucher un coréen. Et il semble que ce soit plus efficace.
Croyez-vous après cela que Mme Lauvergeon a été sanctionnée ? Pas du tout, Nicolas Sarkozy l’a élevée au grade d’officier de la Légion d’Honneur dans la promotion du 1er janvier ! Pour son échec à Abou Dhabi, ou pour la remercier de ses propose racistes sur le « mâle blanc » ?
Michel Chassier
Chargé de misison du FN41
Sources : Le Monde, Les Echos
Le nucléaire Français et Européen a et conserve des années d’avance. Un EPR ne se construit pas comme ça. On le voit.
Il n’est pas possible non plus d’imaginer que seules les entreprises françaises pourraient construire toutes les centrales dont nous allons avoir besoin. Il est temps de s’y remettre à fond en Europe, y compris sur les surrégénérateurs.