L’édito de la semaine n° 30
Les leçons de la crise grecque.
Allons-nous tirer enfin les leçons de la crise grecque ? Il semble malheureusement que nos gouvernants n’en prennent pas le chemin, ce qui ne saurait surprendre, car ce serait avouer leurs erreurs et leur responsabilité. Pourtant les économistes sont de plus en plus nombreux à reconnaître le bien-fondé des positions du Front National, jusqu’ici dédaignées.
Résumons. Une faillite est prononcée lorsque les prêteurs considèrent qu’il n’est plus possible de financer les déficits. Cette décision est motivée par la conviction que la situation de l’individu, de l’entreprise ou de l’Etat, non seulement ne lui permet plus de rembourser sa dette et que celle-ci va donc augmenter inexorablement et indéfiniment. C’est ce qui vient d’arriver pour la Grèce. D’où la panique des institutions européennes, qui vient dans cette crise un risque grave pour l’Euro.
Mais n’est-ce pas justement la monnaie unique imposée par le traité de Maastricht qui est sinon la seule cause, du moins un facteur aggravant du naufrage de la Grèce, et un obstacle à son redressement ?
Les partisans de l’euroland se réjouissaient ce week-end de l’accord intervenu entre plusieurs états, la Banque Centrale européenne et le FMI pour venir au secours de la Grèce. En fait, ce n’est pas tant la Grèce qu’il importait de sauver mais plutôt l’euro, au prix de mesures tellement draconiennes qu’il paraît irresponsable de croire que le peuple grec pourra les accepter !
Qui plus est, cela ne semble pas suffisant pour rassurer les marchés, comme on l’a vu très rapidement avec le nouveau plongeon des bourses européennes.
Ce matin sur France Inter, l’économiste libéral Jean-Jacques Rosa expliquait que le plan imposé à la Grèce allait ruiner tout espoir de reprise, et donc l’enfoncer davantage. Il proposait logiquement comme seule solution une sortie de la Grèce de la zone euro, ce qui lui permettrait de dévaluer sa monnaie et de soutenir ainsi son économie.
C’est exactement ce que le Front National soutient depuis le début, mais plus largement, cela revient à constater l’erreur de la monnaie unique dans sa conception même. Car la crise grecque ne doit pas masquer l’étendue des dégâts causés par l’euro. Comme le rappelait Marine Le Pen sur I>Télé, la région du monde où la croissance économique a été la plus faible depuis 2002, c’est bien la zone euro, et il serait plus que temps d’en tirer les conclusions.
En effet, la France est-elle menacée comme la Grèce ? Entièrement : depuis 1975 et sans discontinuer, l’Etat français dépense plus qu’il ne gagne. Et selon l’économiste Marc de Scitivaux « c’est une grande erreur de parler d’un déficit en pourcentage du PIB. L’Etat n’est pas propriétaire du PIB, il est propriétaire des recettes publiques, son chiffre d’affaires à lui. Déjà, en 2007, avant la crise, les recettes fiscales françaises étaient de 265 milliards et les dépenses de 337 milliards, soit un « déficit d’exploitation » de 72 milliards, 27% du « chiffre d’affaires ». Quant à la dette gouvernementale, elle représentait 4,5 années de recettes fiscales. Aucune entreprise au monde ne pourrait se relever d’une telle situation sans un fort accroissement des recettes, donc une augmentation des prélèvements, déjà à un niveau record en France. L’autre solution consiste à baisser les dépenses publiques et sociales. Là, c’est le corps social qui le refuse. C’est vrai en France autant qu’en Grèce. Les Grecs sont coupables d’avoir menti à leurs partenaires. Mais les Français ont fait pire: ils se sont menti à eux-mêmes avec la complicité constante de leurs dirigeants. Le « modèle social » français n’est pas un modèle que le monde nous envie. C’est un système en faillite : « Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un Etat qui est depuis quinze ans en déficit chronique… ça ne peut pas durer« , avait déclaré François Fillon le 22 septembre 2007. Il dut revenir sur cette déclaration dès l’après-midi tant il est scandaleux pour un politique de dire la vérité à ses concitoyens quand ceux-ci ne veulent pas l’entendre. ‘Encore un instant, monsieur le bourreau !’ hurle-t-on à nos prêteurs. » D’ailleurs, les fameuses agences de notation ne s’y trompent pas. Selon l’une d’entre elles, l’agence Fitch « la dette française était élevée à l’orée de crise financière et elle augmente sensiblement. On s’accorde à penser que d’ici 2011 la France aura l’un des ratios les plus élevés parmi les dettes souveraines classées AAA […] mais il existe un risque significatif de dérive budgétaire. » Selon Hubert de Beaufort « l’avertissement de Fitch, qui ne fait d’ailleurs que suivre l’analyse de Moody’s est fort clair : ramener le déficit de la France de 7-8% du PIB à 3% d’ici 3 ans ne doit pas constituer un vague programme, mais un impératif absolu ».
Il est donc évident que la France est sur le point d’être rattrapée par la tourmente, juste après le Portugal, l’Espagne et l’Irlande, et qu’il est surréaliste dans l’état de nos finances publiques de voir notre pays emprunter afin prêter à la Grèce !
Les solutions préconisées par le Front National devraient donc être appliquées le plus vite possible, au niveau de l’Etat comme au niveau des régions et des départements. Car la faillite annoncée de nos finances publiques a pour conséquence un transfert de charges de l’Etat vers les régions et les départements, qui s’endettent à leur tour et augmentent les impôts. Nous l’avions déjà signalé plusieurs fois : une vingtaine de départements sont au bord de la cessation de paiement.
Prochainement nous examinerons le Compte Administratif et le « budget supplémentaire » (*) de la région Centre. Ce sera l’occasion pour notre groupe de faire une mise en garde solennelle contre cette dérive continuelle des dépenses non financées, et de proposer un certain nombre d’amendements visant à réduire le déficit de la Région.
(*) décision modificative n°2 dans le jargon administratif
Michel Chassier
Conseiller régional de Loir et Cher
Chargé de mission du FN41
Voilà l’utilité d’avoir des élus Front National : avertir sur les dérives, proposer des amendements, et proposer une alternative crédible.