Afghanistan, Lybie : les ratés du général Pinocchio
Tribune libre de Michel Chassier
Dans la conception traditionnelle, capétienne, de la défense nationale, la guerre est tenue pour une chose grave qui ne se justifie que quand se trouve en jeu pour un pays un intérêt à la fois essentiel, spécifique, et certain.
Est-ce le cas en Afghanistan et en Lybie ?
La mort de 5 soldats français aux portes de Kaboul ce mercredi matin, au lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy vient prouver, de façon dramatique, le fossé qui existe entre le discours officiel sur le « changement de présence » et la réalité du terrain.
La réalité c’est que l’opération militaire lancée en 2001 par les Etats-Unis était vouée à l’échec faute d’une définition claire des objectifs visés.
D’abord il s’agissait de venger le 11 septembre et de tuer Ben Laden, puis de mettre en place un régime démocratique, sur un territoire où il n’y a pas d’état. Quelle naïveté !
Après plusieurs changements de stratégie, le constat est qu’aujourd’hui la rébellion dite « des talibans » s’est étendue à tout le territoire.
Pour preuve, c’est à 18 Km de Kaboul, à 2 Km de leur base que les soldats français ont été victimes de cette embuscade meurtrière. Il y a quelques jours, les insurgés attaquaient un hôtel international dans le secteur le plus protégé de la capitale.
Dès lors que les militaires de la coalition ne peuvent sortir de leurs bases que lourdement armés, protégés par les blindés et l’aviation, en portant un gilet pare-balles de 15 Kg, il est clair qu’ils sont partout en territoire hostile, et que cette guerre n’a pas atteint ses objectifs.
Aucun stratège raisonnable n’a jamais imaginé une victoire possible. Comment croire qu’on viendrait à bout de milices aguerries et bien armées, recrutées dans des tribus aux fortes traditions guerrières, et qui, après avoir résisté aux tentatives de colonisation britannique, ont tenu pendant dix ans la dragée haute aux Russes, voisins directs engagés avec des moyens autrement puissants
C’est bien pourquoi le président Barak-Hussein Obama-Soetoro cherche à retirer ses troupes d’Afghanistan, tout en essayant de sauver la face. Nicolas Sarkozy obéit aussitôt à son maître, il n’a d’ailleurs pas d’autre choix.
Mais comment faire ? Officiellement, on refuse d’avouer qu’il faut « quitter » l’Afghanistan, pour évoquer un « changement de présence » dans ce pays : aide aux forces de sécurité afghanes, formation des policiers, appui aux efforts de reconstruction… et même coopération économique selon les propos du locataire de l’Elysée !
En réalité l’OTAN ne dispose d’aucune vraie stratégie de substitution à celle qui, depuis 2001, a déjà changé plusieurs fois- avec le résultat que l’on sait.
Le seul objectif désormais, au-delà des discours et de la langue de bois, est d’éviter que l’Afghanistan ne se transforme en débâcle pure et simple, ce qui rendrait totalement vain le sacrifice des soldats français. Pour Christian Makarian, dans l’Express.fr du 13 juillet, « il faut d’urgence exiger des Américains une redéfinition stratégique, qui prenne la suite du retrait ».
C’est bien ce que dit Marine Le Pen et le Front National, mais avec une certaine légitimité car c’est depuis le départ que nous avions vu juste et jugé que la France n’avait rien à faire dans cette galère. (voir aussi le communiqué de Bruno Gollnisch)
Et comme si cela ne suffisait pas à notre général Pinocchio, il s’est encore fait piéger dans la guerre contre la Lybie.
Les média français ont voulu faire croire au bon peuple que c’est le petit Nicolas qui avait pris l’initiative de ce qu’il croyait être une guerre-éclair !
Or depuis le début, ce sont les Américains qui sont à la manœuvre, qui décident de tout, qui désignent les cibles, qui nous fournissent les renseignements selon leur bon vouloir.
Notre bien naïf général Pinocchio avait imaginé une coopération franco-britannique. Hélas, lorsque « le patron des forces aériennes françaises, le général Hendel, se rend à Northwood pour prendre le commandement en second de l’opération qui doit commencer le lendemain. Il s’attend à être accueilli en grande pompe. Mais, humiliation, on le fait attendre plusieurs heures avant de lui dire la vérité : les officiers britanniques qu’il devait commander sont partis la veille. Où ? A Ramstein, QG des forces américaines en Europe. Et le général anglais qui devait s’installer à Montverdun ne viendra pas. » (Lybie, les ratés d’une guerre française, le Nouvel Observateur.fr)
Encore une fois le petit Nicolas s’est fait rouler dans la farine !
Et encore une fois, rien ne se passe comme prévu, et nos responsables militaires tirent la sonnette d’alarme, car notre unique porte-avion ne pourra pas rester éternellement sur zone. Depuis plusieurs semaines, nous devons déjà quémander des munitions à nos alliés, alors que la situation sur le terrain n’évolue pas.
Tous les experts constatent que les bandes armées islamistes de Benghazi sont incapables de mener une offensive d’envergure, et le résultat de plus de 4 mois de frappes aériennes, ce n’est pas l’instauration d’un régime démocratique, mais le retour aux divisions tribales. Après tout, c’est peut-être ce que souhaitent les tenants du Nouvel Ordre Mondial.
L’homme qui se prend pour le Président de la République chaque jour en se rasant imaginait peut-être se donner enfin une stature présidentielle en vue de sa réélection, mais c’est raté.
Pour l’histoire, il restera à jamais le général Pinocchio.
Et malheureusement, de jeunes français seront morts en faisant leur devoir à cause d’un homme qui leur menti, et dont l’arrogance n’a d’égale que l’incompétence.
En ce jour de Fête Nationale, ayons tous une pensée pour ces soldats, pour leurs familles et pour leurs camarades.
Michel Chassier
Conseiller régional de Loir et Cher
Secrétaire départemental du Front National
Officier de réserve honoraire