Pour un patriotisme intelligent et un esprit de coopérateur.
Faut-il rappeler les origines de Fagor et son évolution actuelle pour comprendre la situation catastrophique dans laquelle se trouve cette entreprise aujourd’hui ? Sans aucun doute, car, ayant tourné le dos à l’esprit coopérateur de son fondateur, elle a fini par être la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf.
Fagor a été fondée à Mondragon, au Pays basque espagnol, en 1941, par le curé du village, José Maria Arizmediarrieta, sur la base d’une coopérative inspirée par les fondements chrétiens de participation à la création de l’emploi. Peu à peu, autour de cette coopérative, se sont regroupées des écoles, une université, des caisses de crédit solidaire. La croissance a été fulgurante dans les années 60. On est passé de 469 employés en 1960 à 8743 en 1970.
Le montage financier qui permet de créer un emploi dans cette coopérative est le suivant : le « socio » (associé/employé) apporte l’équivalent de 10 mois de salaire, l’Etat contribue à hauteur de 6000 euros, la « caja laboral » (caisse de crédit) prête 21 000 euros. L’apport du socio est définitivement acquis par la coopérative qui verse au socio des intérêts portant sur 75% de son apport. Ces intérêts ne sont débloqués que lors du départ du socio de la coopérative. Les statuts de la coopérative interdisent les licenciements. Un montage gagnant/gagnant qui associe l’ouvrier à son avenir. Un vrai gage de réussite.
Lorsque la crise gagne l’Espagne de 1970 a 1990, pour mieux s’en sortir, la coopérative commence à s’ouvrir à l’extérieur et la croissance, basée sur le rachat d’autres entreprises plutôt que sur la création de nouvelles entreprises. Il n’y a plus de priorité basque ou espagnole dans la recherche des fournisseurs. Le libéralisme n’est pas loin, c’est le premier danger…
Le ver est dans le fruit. C’est la fin de la préférence locale et le début d’une capitalisation extérieure non inspirée par l’esprit coopératif chrétien qui, lui, donne la préférence à l’homme et à la famille. Il y a désormais 2 statuts d’employé, celui de « socio » et celui de vacataire. C’est le 2° danger.
En 2005, le groupe rachète Brandt afin d’atteindre une taille susceptible de concurrencer des groupes comme BSH, Electrolux, Merloni ou Whirpool. De 1984 à 2004 les ventes du groupe sont passées de 500 millions d’euros à 4,7 milliards. Mais la pratique coopérative de Mondragon, malgré quelques tentatives, n’a pas été appliquée en Pologne, au Maroc ni en France dès lors que les salaires et le code du travail dans ces pays n’étaient pas les mêmes. Par ailleurs, la coopérative, exemple même de la vraie démocratie, n’accepte pas la présence des syndicats, ce que les filiales françaises ne supportent pas. Et ce qui devait arriver arriva, les licenciements se sont multipliés dans les filiales telles que celles de la France qui ne bénéficiaient pas du statut de coopérateur/socio.
En résumé, l’excellent projet initial du curé de Mondragon finit 60 ans plus tard dans le mur parce que ses dirigeants ont cru que le développement européiste et mondialiste était la condition de sa survie. Parce qu’ils ont oublié les principes de la préférence locale et la solidarité de la participation ouvrière. Parce qu’ils se sont lancés dans un libéralisme qui n’a qu’un but : non pas conférer de la dignité au travail mais de la rentabilité à tout prix.
Les employés FAGOR de Vendôme en paient aujourd’hui les conséquences et comme l’UMPS refuse le patriotisme intelligent préconisé par le FN, nous risquons de voir tout l’électroménager fabriqué en Chine. Est-ce trop tard ?
Au début, FAGOR faisait un capitalisme humain de type coopératif (les employés sont actionnaires et vice-versa) et en produisant localement au plus près des gens. Et ça marche … Ensuite, FAGOR se tourne vers le mondialisme ultra-libéral et là bien entendu, c’est la casse sociale (pertes financières, licenciements, restructurations …) et la fin de l’entreprise. En somme, la grenouille qui veut devenir plus grosse que le bœuf. Conclusion: l’ultra-libéralisme, c’est la mort sociale.