L’histoire officielle et les rebelles dissidents.
D’où vient l’intérêt particulier de l’histoire chez les Français ? Pourquoi les différents ministres de l’Education tentent-ils de diminuer l’importance de l’enseignement de l’histoire alors qu’ils se pavanent chaque année aux RDV de l’Histoire ? A quoi sert l’histoire si ce n’est à éviter de reproduire les erreurs du passé ? Existe-t-il un lien entre la politique et l’enseignement de l’histoire ?
Autant de questions que les participants aux différentes conférences ou tables rondes ont posées en leur for intérieur et pour lesquelles nous avons quelques idées. Mais que les orateurs ont rarement posées pour la raison essentielle qu’il existe en France une histoire officielle avec son clergé, son décalogue, ses obligations, ses interdits et ses rites. Une histoire que les RDV de l’histoire promeuvent et sanctifient.
Une manipulation de l’histoire ordinaire.
Un exemple entre mille. La chute de l’Empire romain a traditionnellement été présentée comme étant provoquée par la perte des valeurs de la République et par les invasions barbares venues de l’est. Aujourd’hui les grands prêtres de l’Histoire nous disent qu’il ne faut pas parler de « fin, de cassure ou de fracture » mais de « transition » souple et détendue de l’Empire romain. Les « invasions » ne sont plus hostiles mais pacifiques.
D’ailleurs ce ne sont pas des « invasions » mais des « migrations ». Les Barbares ne sont plus des peuplades cruelles et assoiffées de sang mais des peuples nourris de culture et d’esprit disposés à coopérer avec les Romains.
Dans cette nouvelle façon de présenter l’histoire il y a une manipulation volontaire qui nous incite à voir dans ce que nous vivons aujourd’hui, avec les centaines de milliers de populations qui se pressent à nos frontières, une migration pacifique de « migrants réfugiés » que nous devons accueillir comme l’ont fait les Romains au 5° siècle.
Cinq historiens, dans l’amphithéâtre de la Halle aux grains, samedi soir à 18h30, nous ont ainsi expliqué que la chute de l’Empire romain n’a été qu’une évolution progressive et pacifique d’un Empire qui s’est acheminé vers un nouveau destin tout aussi heureux que les siècles précédents.
Parmi ces 5 spécialistes, il y avait Johan Chapoutot, un spécialiste du nazisme et Gabriel Martinez un spécialiste du monde musulman dont on se demande en quoi ils étaient compétents pour parler de l’Empire romain. Ce sont en revanche les grands prêtres ordonnés de l’Histoire officielle.
Une absence remarquée.
En revanche, il y avait dans la salle un spécialiste de cette période qui n’avait pas été invité à cette table ronde. Il s’agit de Michel De Jaeghere qui vient de publier aux éditions « Les belles Lettres » un ouvrage de qualité intitulé « Les derniers jours de l’empire romain d’Occident ».
Mais cet historien n’est pas un grand prêtre de l’Histoire officielle : il dit qu’il s’agit d’une fracture et non d’une transition, il n’est pas universitaire mais journaliste. Il n’est pas de gauche ou d’extrême gauche mais dirige le « Figaro Histoire ». Certes il avait été invité au « café littéraire » mais en solitaire pas dans la « cathédrale » de l’amphithéâtre. Alors que l’on sait que c’est du débat contradictoire que jaillit la lumière et la vérité.
Faites attention, Messieurs Chevrier et Sartre à ne pas monologuer, à ne pas promouvoir une histoire officielle monolithique.
Les Français veulent du débat historique et pas de l’entre soi.
Comme en politique !