La France a-t-elle les moyens de ses ambitions militaires ?
(photo d’illustration FN41)
La France serait en guerre contre « un ennemi anonyme et sans visage » !
La France a-t-elle les moyens de ses ambitions militaires ? C’était le thème choisi pour une conférence organisée à Selles sur Cher par l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale, et dont l’invité était Jeanny Lorgeoux, Sénateur-maire de Romorantin, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Michel Chassier, Conseiller régional de Loir et Cher, officier de réserve honoraire, y assistait et nous livre un résumé de cette présentation.
L’essentiel du propos tournait autour de la révision de la Loi de Programmation Militaire 2014-2019, qui vient d’être ajustée à hauteur de 3,8 milliards d’euros sur 3 ans ( ?) afin de mettre un terme à la déflation des moyens, face à la montée des menaces et à la multiplication des interventions extérieures.
Cette baisse continue des moyens, tous gouvernements confondus, met aujourd’hui nos armées dans une situation critique, au bord de la rupture. Plusieurs hauts responsables militaires ont récemment tiré le signal d’alarme, pointant les limites atteintes par les personnels, l’usure et l’obsolescence des matériels, le retard dans les programmes d’équipement.
Il était donc temps d’infléchir cette tendance, mais il convient de rester prudent. Bien que le sénateur Lorgeoux s’en défende, cette augmentation annoncée des moyens de la défense est un peu une rustine, elle ne représente que 1,7% du total de la loi de programmation, autrement dit cela ne compense même pas l’inflation.
D’autant plus que l’effort sur les matériels ne sera que de 500 millions d’euros. Au passage, la vente du Rafale à l’Egypte, au Qatar et à l’Inde permettant d’assurer une meilleure charge de production chez l’avionneur, le rythme des livraisons à l’Armée de l’Air pourrait passer de 11 à 9 appareils par an…
Jeanny Lorgeoux a souligné également la nécessité de « renforcer notre base industrielle de défense ». Mais au même moment nous apprenons que l’armée française va remplacer ses FAMAS par le fusil allemand HK 416.
Même problème pour les drones ou notre industrie avait pris un retard considérable suite à la décision de François Léotard de privilégier l’achat de drones israéliens dès 1995.
Il rappelle la nécessité de retrouver le seuil des 2% du PIB consacrés à la défense, oubliant de préciser que c’est un objectif fixé par l’OTAN, et qui ne pourra éventuellement être tenu… qu’après 2017 !
Mais au-delà de ces aspects budgétaires, répondant à la question posée « la France a-t-elle les moyens de ses ambitions militaires ? » le sénateur-maire de Romorantin a précisé sont point de vue sur différentes positions du gouvernement qu’il soutient.
Car la question qui n’était pas posée est de savoir quelles sont les ambitions de la France.
Au sujet de l’opération « Sentinelle » et des moyens mis en œuvre, il a repris à son compte le discours officiel : il n’est pas question de lutter contre l’islamisme mais contre » les ténèbres obscurantistes « ou contre » un ennemi anonyme et sans visage » !
Dans la même veine, il considère – sans les nommer – les émules de Daech comme « les exégètes d’un coran qui aurait oublié sa mission de paix ». Curieuse lecture, oubliant la différente fondamentale entre le Dar al Islam, « domaine de la soumission à Dieu », autrement dit les pays musulmans dont les croyants forment l’Oumma et le Dar al Harb, « domaine de la guerre », autrement dit les territoires qui ne sont pas encore soumis.
Dans un autre registre, Jeanny Lorgeoux a lancé un appel à l’accueil des « migrants » refusant de « construire un mur ». Peut-être va-t-il annoncer bientôt aux Romorantinais combien il en accueille dans sa ville ?
Pour terminer, répondant aux questions de l’auditoire, il s’est positionné en atlantiste résolu, défendant le maintien dans l’OTAN malgré les dérives de cette organisation qui nous entraîne dans des conflits étrangers à sa vocation initiale et parfois contre les intérêts de la France. D’ailleurs, en parlant de la cyber-défense, il a cité deux menaces potentielles : la Russie et la Chine. Alors que ce sont les USA qui écoutent l’Elysée !
En conclusion, il faut certes des moyens pour la défense, mais il faut également une politique étrangère au service de la France, qui nous fait aujourd’hui cruellement défaut.
Dans ce domaine comme dans d’autres, vivement 2017 !
Oui bravo Michel pour cet article.
Et comme tu le dit vivement 2017 !