RVH 2016. Pour une recherche historique frondeuse et sans entraves
Toute la langue de bois et la novlangue sont présentes dans l’éditorial du fondateur des Rendez-vous de l’Histoire (et de la Géographie à Epinal), Francis Chevrier, ami de Jack Lang.
Il y parle de « terrorisme barbare… D’une Europe qui se délite… Des extrémismes religieux qui tentent d’imposer à l’humanité leurs visions du monde… Des nationalistes flanqués de leurs idée simplistes et de leur univers rétréci… Du fanatisme religieux qui a toujours engendré le malheur et le sang si on lui laisse la bride sur le cou… Des populistes et des démagogues qui ont toujours su jouer sur les peurs pour arriver à leurs fins tragiques… De la raison qui sait triompher de l’obscurantisme et du terrorisme qui a toujours échoué… »
Dans cet éditorial, presque tout y est argument politique, au ras des pâquerettes, rarement méthodologie historique comme si les RDV était un outil pour faire avancer certaines idées philosophico-politiques et non une meilleure connaissance de l’Histoire avec un grand « H ». Francis Chevrier aurait dû parler de terrorisme islamiste et non de « terrorisme barbare », du délitement de l’Union européenne mais pas de celui de l’Europe, de l’extrémisme musulman dans tous les pays du monde où il est implanté et non « des extrémismes religieux » en général.
Quant à savoir si le fanatisme religieux a été le seul à engendrer « le malheur et le sang », le fanatisme révolutionnaire de la Terreur (institutionnalisée par le Parlement français) n’a pas été avare de sang versé ; il s’en glorifie même. On sait aussi que le fanatisme antireligieux n’a pas été moins cruel dans l’Espagne de 1934 à 1939 ou le Mexique des années 1930 avec la guerre des Cristeros.
Mais qui sont ces « populistes » condamnés par Francis Chevrier? Aucun manuel d’Histoire n’en fait mention. Aucun homme politique, aucun programme électoral ne se revendique comme tel. On ne trouve ce terme que sur les lèvres des politiciens partisans et adversaires qui, méprisant leur peuple, lui refusent réferendum et souveraineté comme cela s’est passé en France mais pas en Hongrie, au Danemark ni au Royaume Uni. Pour ce qui est des « démagogues » fait-il allusion aux promesses non tenues de 2012 par Hollande sur le chômage ou la fiscalité ? Peut-être ! Mais ce serait injuste car il n’est pas le seul. Les partisans de l’Européisme nous avaient promis prospérité et bonheur!
Dire que la raison a toujours triomphé face à l’obscurantisme, voilà un vaste programme d’étude pour un historien chevronné, qui devra d’abord définir ce que sont la « raison » ou « l’obscurantisme ». Pas facile pour un historien impartial et objectif car la raison imposerait logiquement de donner libre cours à la recherche historique de tout type sans faire appel aux lois « obscurantistes » Pleven, Gayssot, etc… Comment la raison historique peut-elle se déployer sans la liberté de revisiter ce qui la précède ?
En somme il est bon que l’étude de l’histoire prenne de la hauteur et de la distance afin d’éviter les écueils de l’immédiateté et de l’urgence politicienne. Ce que ne fait pas le fondateur des RDVH qui demeure un militant politique actif mais incapable de « relativiser et de replacer les évènements dans le contexte de la longue durée… », comme il le préconise à juste titre, pour les autres, dans son Editorial.
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