Averroès, Avicenne et Aristote, face à la propagande officielle !
La propagande se fait de plus en plus insidieuse et forte. Même s’il faut tordre le cou à l’histoire, les « historiens » veulent à tout prix dire du bien de la civilisation arabo-musulmane cultivée, tolérante et du mal d’un Moyen âge chrétien, inculte et intolérant. C’est ce que fait l’association Accma41 « Cultures et connaissance du monde arabe ».(la Nouvelle République 25/10/2016).
Comme souvent, elle nous vante la largeur d’esprit et la tolérance d’Averroès (1126/1198). Faut-il rappeler que ce médecin et ancien juge (Gadi) prônera les mesures les plus sévères à l’égard des non musulmans ou des néo-musulmans suspects d’avoir conservé quelques pratiques chrétiennes. Pour les premiers, il prescrit la déportation sans procès de ceux que l’on soupçonne de sympathie pour la Reconquista et, pour les seconds, il préconise les plus durs châtiments corporels. Vous avez dit « tolérance » ?
Malgré cela, le Calife de Cordoue mettra en doute son orthodoxie musulmane. Averroès sera banni au Maroc où il mourra et ses écrits philosophiques interdits, ce qui en dit long sur la « tolérance » de l’un et de l’autre.
Cette suspicion pèsera tout au long des siècles si bien que l’on cite beaucoup plus Averroès en Occident que dans le monde musulman. Est-ce vraiment un fait du hasard si le professeur de philosophie du Lycée musulman Averroès de Lille a été renvoyé récemment ?
L’Andalousie musulmane fut d’abord une réussite fondée sur l’utilisation massive d’esclaves chrétiens. Ainsi, les rescapés de la prise de St Jacques de Compostelle durent-ils tirer en tirer les cloches jusqu’à Cordoue sans le secours des animaux de trait. Jean Pierre Péroncel-Hugoz rappelle dans « Le radeau de Mahomet » que les non musulmans étaient contraints d’apprendre l’arabe et ne pouvaient ni porter les armes, ni monter à cheval. Tolérance ?
Dire avec Rédouane Zaaraoui et Amine Benyebka que « la culture hellénistique fut bel et bien conservée par l’islam des lumières, entre Bagdad et Cordoue », est contredit par la thèse « Aristote au Mont-Saint-Michel » (un ouvrage introuvable à la Bibliothèque de Blois !) de Sylvain Gouguenheim qui souligne la précocité d’une transmission directe du savoir grec par les monastères chrétiens et remet en cause l’idée répandue que la diffusion de la philosophie, de la mathématique et de la physique au Moyen Age serait due exclusivement à l’Espagne musulmane (Wikipedia).
Sylvain Gouguenheim note ensuite qu’Averroès et Avicenne ne connaissaient pas le grec, que les traductions arabes d’ Aristote dont ils disposaient avaient été faites par des arabes chrétiens (les syriaques, les ancêtres de ceux qui sont persécutés aujourd’hui), que le savoir a régulièrement circulé entre Byzance et l’Occident, bien mieux qu’entre la civilisation islamique et l’Occident. Sans compter que, pour Sylvain Gouguenheim, la langue arabe n’est pas propice au développement de la pensée rationaliste.
Tout cela mérite un débat de fond, une vraie « dispute » et non quelques poncifs éculés comme le font Rédouane Zaaraoui et Amine Benyebka de l’association Accma41 « Cultures et connaissance du monde arabe », soutenue par Jack Lang et subventionnées par la Ville de Blois. Nous en reparlerons car c’est un débat de fond et d’actualité.
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