Alep ! Alep outragée ! Alep brisée ! Alep martyrisée ! Mais Alep libérée!
Messe de Noël dans Alep libérée (image Facebook)
Une « soirée pour Alep » était organisée samedi soir à la Maison de Bégon (la Nouvelle République du 15/01/2017).
On peut comprendre l’émotion suscitée par les souffrances causées par cette guerre qui dure maintenant depuis 6 ans et l’élan de solidarité de nos concitoyens.
Mais une fois encore l’humanitaire sert de prétexte à présenter une version des faits qui relève de la propagande la plus grossière.
La tentative de renversement du régime laïc syrien au profit d’un régime sunnite, accompagné d’un partition du pays, a été préparée et soutenue par les Etats Unis et les pétro-monarchies, avec l’appui bienveillant d’Israël. La Turquie, la Jordanie et l’Irak constituant les bases arrières d’où les « insurgés » étaient approvisionnés en armes et en munitions, financés et ravitaillés.
Mais le régime syrien a tenu bon. Personne n’aurait l’idée de contester qu’il s’agit d’un régime autoritaire, traitant durement toute velléité d’opposition. Mais n’est-ce pas le cas également en Arabie saoudite, grande amie de la France ?
La dénonciation de la dictature n’était en l’occurrence qu’un simple motif mis en avant pour justifier la manoeuvre géostratégique qui visait non pas le régime, mais bien l’Etat syrien.
Si le régime a tenu, ce n’est pas seulement grâce à l’aide militaire et diplomatique apportée par la Russie, qui ne sera décisive qu’à partir de fin 2015, mais surtout en raison du soutien d’une majorité de la population qui redoutait de voir la Syrie sombrer dans le chaos comme l’Irak voisin ou la Lybie.
Outre les Alaouites, il ne faut pas oublier les chrétiens de Syrie qui ne voulaient pas subir le sort de leurs voisins, les Kurdes, Assyriens, Druzes, sans compter que beaucoup de Sunnites demeurent favorables au maintien d’un état laïc.
Voilà pourquoi les rebelles, malgré leurs nombreux soutiens, n’ont pas pu l’emporter.
De plus, le régime a pu mettre en place, en parallèle avec les opérations militaires, une politique de réconciliation des parties qui a permis d’aboutir au cessez-le-feu actuel et aux pourparlers de paix qui doivent se tenir d’ici la fin du mois.
Cet échec s’explique aussi par la mainmise des organisations islamistes les plus radicales sur la rébellion. D’abord les filiales d’Al Qaïda (*) sur le territoire syrien, puis la création de Daech avec, faut-il le souligner, la complicité plutôt active des Etats-Unis et de leurs alliés du Golfe, pour qui le projet d’Etat islamique permettrait de couper en deux le fameux « arc chiite » qui va de l’Iran au Liban.
Ce qui s’est produit dans la ville d’Alep, où les djihadistes proches d’Al Qaïda et d’Al Nosra ont éliminé sans ménagements les rebelles jugés trop modérés, est significatif.
Plus il devenait évident que la situation se retournait en faveur du régime, plus la propagande s’enflammait, occupant en France la totalité de l’espace médiatique.
C’est pourquoi on peut facilement pardonner à beaucoup des participants à cette soirée : ils ne savaient pas.
La cas de la bataille d’Alep a été exemplaire à ce sujet.
Nous avons eu droit quotidiennement aux bombardements des civils, des hôpitaux. On nous a fait croire que le dernier hôpital d’Alep avait été détruit, on a évoqué « le dernier pédiatre d’Alep » qui avait dû fuir, de l’absence de médecins etc…
Alors que la Ville d’Alep comptait encore, au plus fort de la bataille, 1 500 000 habitants, 4100 médecins dont 150 pédiatres, pour ne parler que de cette spécialité.
Bien sûr la libération d’Alep a fait des victimes civiles. Comment en serait-il autrement dans des combats urbains ?
Sans oublier les nombreux civils victimes des terroristes qui bombardaient les civils des quartiers ouest à coup de roquettes et n’hésitaient à tuer sauvagement les civils des quartiers-est sous leur contrôle qui tentaient de fuir.
Mais il faudrait aussi rappeler que dans l’offensive lancée le 15 novembre, un peu plus de 400 civils auraient été tués dans les combats de part et d’autre de la ligne de front – mais on accuse toujours une seule partie – la libération de la ville de Caen en 1944 a coûté la vie à près de 3000 civils, écrasés en quelques jours sous les bombes des libérateurs.
Ce qui prouve à l’évidence que ce ne sont pas les civils qui étaient ciblés par les bombardements. Le fait est reconnu par tous les experts de la chose militaire.
Ce qu’il faut espérer aujourd’hui, outre le succès de la conférence de paix, c’est le retour de l’aide humanitaire internationale à Alep.
Car curieusement, depuis qu’Alep est libérée, elle intéresse beaucoup moins mes médias occidentaux, et un mois après la fin des combats, les organisations internationales sont quasiment absentes.
Souhaitons par conséquent que les dons recueillis lors de la soirée à la Maison de Bégon parviennent à ceux qui en besoin à Alep.
Mais au vu des discours tenus par certains intervenants, il est permis d’avoir quelques craintes.
(*) Oussama Ben Laden, fils d’une riche famille saoudienne en relation avec Georges Bush père, avait été recruté par la CIA à l’époque de la guerre menée en Afghanistan par les soviétiques. C’est de là que démarre l’histoire d’Al Qaïda,dans un projet plus vaste d’utiliser l’Islam pour faire tomber l’URSS, dont les républiques du sud, hormis l’Arménie, étaient toutes majoritairement musulmanes. La création de Daech présente certaines similitudes. Les Etats-Unis et leurs alliés veulent à tout pris contrer l’Iran chiite et laisser durablement l’Irak, à majorité chiite, affaibli et divisé. Suite à l’échec des djihadistes de l’intérieur en Syrie, Daech avait également pour mission d’attaquer la Syrie par l’Est.
Le bombardement par la coalition des forces loyalistes syriennes à Deir el Zor n’était certainement pas une « bavure » comme le prétendent les USA, mais bien une aide apportée à l’EI. De même l’offensive contre Palmyre menée durant la phase finale de la bataille d’Alep n’est certainement le fruit de hasard. Dans ce secteur proche de la frontière iraquienne et sous surveillance étroite de la coalition menée par les USA, comment expliquer que 5 000 combattants et des centaines de véhicules armés, dont nombre de blindés, aient pu passer inaperçus, sans la moindre réaction d’une aviation omniprésente ?
Article clair net et précis. Comme disait Lénine, « les faits sont têtus », et il est bon parfois de rétablir la vérité. On ne dira jamais assez le désastre causé par les puissances impérialistes au Moyen Orient, tel les USA et son allié Israël qui ont joué à l’apprenti sorcier avec l’islamisme pour contrer les régimes laïcs et progressiste du Moyen Orient: Irak, Syrie mais avant Egypte et Palestine. Sans parler de la France et son intervention militaire en Libye qui a donné naissance au chaos et laisser s’installer l’islamisme à nos portes.