Un ex-candidat FN rejoint Macron : quelques précisions.
Qui veut m’investir ? Je soutiendrai son programme.
Un ex-candidat FN qui se tourne vers le candidat du système, des médias, des banques, favorable à l’immigration massive etc…
Cela paraît tellement invraisemblable que la presse locale et régionale s’est interrogée, cherchant à comprendre les motivations de l’intéressé.
Après la Nouvelle République, c’est le site de France Info qui publie un article sur cette péripétie originale de la campagne.
Et une nouvelle fois Jean Bernard tente d’expliquer qu’il avait adhéré au Front National pour exprimer un mécontentement alors qu’il adhère au discours d’Emmanuel Macron qui selon lui « parle du fond ».
Surprenant quand on voit la vacuité des propositions de l’ancien ministre de François Hollande.
Pour se justifier, l’ancien frontiste ajoute qu’il est en désaccord avec le volet social du programme de Marine, en particulier sur la retraite à 60 ans.
Rappelons tout de même que la position de Marine Le Pen et du Front National sur la retraite n’est pas nouvelle, et que notre ex-candidat feint de découvrir aujourd’hui une mesure qu’il a approuvé cinq fois en sollicitant une candidature qui l’engageait sur l’honneur à défendre le programme du mouvement dont il demandait l’investiture.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage…
Mais faisons d’abord un petit retour en arrière.
Jean Bernard déclare à France Info : « En 2013, j’ai donc choisi de rejoindre le Front national, par défaut, parce qu’il n’y avait aucune autre formation dans laquelle je pouvais exprimer mon mécontentement. »
En fait, Jean Bernard adhère au Front National le 22 novembre 2011, pour aussitôt demander son investiture en vue des législatives de juin 2012. Sa candidature ne sera pas retenue, en particulier pour respecter l’impératif de parité.
A la suite de se premier refus, il restera en retrait pendant un peu plus d’un an, avant de s’intéresser aux élections municipales. Il sera investi tête de liste à Salbris, mais ne parvient pas à rassembler une équipe et ne pourra donc pas être candidat.
En 2015, il obtient à nouveau l’investiture pour les élections départementales dans le canton de Sologne et mènera campagne sous les couleurs du Front National, dont il défend le programme sans exprimer de réticence.
Il explique largement autour de lui que le vote Front National n’est plus un vote protestataire mais un vote d’adhésion.
Il fera en définitive un score de 25,04% (ce qui le classe 12ème sur 15 cantons).
Il demande à nouveau à être investi, en position éligible, sur la liste des régionales.
Dans un souci d’équilibre territorial, il sera finalement en 5ème place, ce qui ne le satisfait pas pleinement.
Cela ne l’empêche pas d’être candidat à l’investiture pour les législatives de 2017, c’est donc sa 5ème demande d’investiture successive sur cinq élections. Pas mal pour un engagement « par défaut ».
Mais la commission nationale d’investiture ne va pas le retenir, ce qui provoque son mécontentement, puis sa démission, assortie de la menace de se présenter contre la candidate pré-investie par le FN.
Oui, mais sous quelle étiquette ? Debout la France ? La place était déjà prise, et puis faire 2% ne devait pas lui sembler digne de ses ambitions.
C’est pourquoi il n’a pas hésité, non sans une certaine naïveté, à demander l’investiture du mouvement « En marche ! ».
C’était ignorer que les investitures sont verrouillées par un vieux routier de la politique, champion en son temps du cumul des mandats et des fonctions, Jean-Paul Delevoye.
Le web-magazine Mag’centre ironisait il y a quelques jours au sujet des législatives : « recalés des autres partis, opportunistes de tous bords, doux rêveurs, responsables associatifs, quidams en manque de reconnaissance ont saisi l’occasion. »
Dans quelle catégorie faut-il classer Jean Bernard ?
Toujours est-il que le président de la commission annonce qu’un premier écrémage aurait déjà eu lieu et, « pour les faire redescendre sur terre, je demande s’ils sont capables de trouver 30.000 euros pour financer leur campagne » ! (voir notre article du 21 février).
L’affaire semble bien mal engagée, puisque la référente locale du mouvement en Loir et Cher a refusé de créer un comité à Salbris que voulait présider notre ex-frontiste, qui restera donc comme beaucoup un adhérent virtuel.
En attendant, conformément à nos statuts, cette adhésion l’exclut de facto du Front National. Bien qu’il n’ait pas renouvelé sa cotisation il a donc été classé en « indésirable » afin d’éviter qu’il tente un jour de revenir… pour obtenir une nouvelle investiture !
J’ai retrouvé cette petite fable , qui je trouve colle au personnage
Merci Mr Jean de la Fontaine
» La grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf »
Une Grenouille vit un Bœuf,
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur ;
Disant : Regardez bien, ma sœur,
Est-ce assez ? dites-moi ? n’y suis-je point encore ?
Nenni. M’y voici donc ? Point du tout. M’y voilà ?
Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs ;
Tout petit Prince a des Ambassadeurs :
Tout Marquis veut avoir des Pages.
Avec le ralliement du MoDem à Macron, certains élus municipaux et départementaux de ce parti seront préférés à Jean Bernard …
Notre « ex-frontiste » n’a jamais soulevé le moindre désaccord sur la ligne politique du Front National en Bureau Départemental, instance de direction de notre Fédération. En réalité, quand on a une ambition démesurée, ça fait mieux de la masquer sous des divergences politiques… même si on a peu de convictions enracinées.
Voilà ou mène l’opportunisme, ou quand on confond mouvement politique avec carrière personnelle.
Un rappel en passant : oui la loi El Khomri est néfaste pour le monde du travail, pour tous les acteurs de l’économie réelle, salariés comme petits patrons : elle ne créera pas d’emplois. Le Front National a donc eu bien raison de s’y opposer, nationalement et localement.