ZUP de Blois : des paroles qui jettent de l’huile sur le feu.
Violences, trafics : quel rapport avec le dialogue inter-religieux ? Réponse : pour désigner un coupable idéal, le Français moyen.
La Nouvelle République consacre aujourd’hui (28 mars 2017) une demi-page, sur 4 colonnes, à une rencontre « autour de la violence » organisée par le groupe Chrétiens et musulmans. On ne devine que 6 personnes sur la photo, mais on n’imagine que les participants n’étaient pas très nombreux.
A titre de comparaison, bien qu’il s’agisse d’un autre sujet, pour la rencontre-débat sur la santé organisée par le FN41 en présence du Dr Joëlle Mélin, le Nouvelle République nous avait répondu « nous allons annoncer le débat en présence de Joëlle Mélin mais nous ne le couvrirons pas. » Moyennant quoi nous avons eu droit à 8 petites lignes dans l’agenda.
L’histoire de la ZUP revisitée.
Le premier témoignage, d’une certaine Madeleine, commence ainsi : « J’avais 17 ans quand la ZUP de Blois a été construite. Dès que le premier trou a été creusé, les gens ont commencé à dire qu’il y aurait plein de pieds-noirs et d’Arabes, que la vie serait impossible pour les Français. »
Mémoire défaillante ou bien manipulée ?
C’est d’abord l’exode rural et l’implantation d’usines décentralisées de la région parisienne (le fameux slogan lancé par Pierre Sudreau alors Préfet de Loir et Cher invitant les industriels à « s’intaller dans la chlorophylle »), mais aussi le manque criant de logements suite au « baby-boom » de la fin de la guerre, qui ont conduit à la création d’une « zone à urbaniser en priorité » (ZUP) en 1959.
Ces logements étaient attendus par de nombreuses familles blésoises vivant dans ce qu’on qualifierait aujourd’hui de « logements indignes » dans le vieux Blois, en Vienne, sans parler de la « cité » des Allées, baraquements d’urgence construits après la guerre, mais toujours occupés au début des années 60.
Par conséquent il est faux de de prétendre que les Blésois se seraient alarmés à l’époque de l’arrivée des Pieds-Noirs (je remets la majuscule « oubliée ») et des Arabes, qui n’était pas du tout à l’ordre du jour.
En effet l’arrivée des Pieds-Noirs n’était pas prévue, elle s’est produite brutalement après les accords d’Evian et s’est accélérée avec les massacres commis par le FLN contre les civils, qui ne relèvent plus du crime de guerre mais du crime contre l’humanité.
Et c’est vrai que certains Blésois en attente de logement (il fallait à l’époque des années et parfois des passes-droits pour l’obtenir) ont pu se sentir frustrés de devoir attendre, car il fallait bien loger des réfugiés… français, que les grands humanistes traitaient alors avec mépris. Rappelons-nous du socialiste Gaston Deferre qui proposait de les rejeter à la Mer.
Il faudrait rappeler tout cela à nos faiseurs de mémoire et à tous ces donneurs de leçons.
Vingt années de paix.
Ensuite la constructions d’immeubles collectifs se sont poursuivies, jusqu’à la fin des années 70 et la ZUP a connu une vie normale. Le quartier avait été conçu avec de larges espaces verts (sauf il est vrai du côté de la Croix-Chevalier) des immeubles le plus souvent limités à 4 étages, groupés en quartiers autour de plusieurs écoles, de centres commerciaux, des services.
Il existait alors une véritable mixité sociale, avec des médecins qui habitaient sur place, des professions intermédiaires, des fonctionnaires, des ouvriers etc… Et beaucoup de familles avec des enfants profitant de logements spacieux et aérés.
Sur la place Coty, sous les tilleuls encore jeunes, les enfants jouaient avec leurs bateaux dans le bassin qui n’était pas devenu une poubelle, les mères les surveillaient installées sur un banc, il y a avait des retraités. Bref la vie normale d’un quartier.
Je peux en témoigner personnellement pour avoir vécu rue Christophe Colomb à cette époque, et participé régulièrement à des réunions associatives dans le quartier.
Le tournant de la paupérisation et de l’immigration de masse.
Plusieurs phénomènes se sont produits en même temps qui ont totalement changé le climat du quartier.
Le début des années 80 a vu l’essor de la construction individuelle. C’est un rêve bien légitime, et à cette époque un couple avec deux revenus, même modestes mais stables, fonctionnaires ou salariés, pouvait sereinement envisager de construire. On voit ce qu’il en est aujourd’hui.
En même temps les bailleurs sociaux ont pris la décision d’appliquer des « surloyers » en fonction des revenus. Résultat, ceux qui en avaient la possibilité ont progressivement quitté le quartier, au détriment de la mixité sociale.
Il est très vite apparu une vacance de logements importante, mais très vite comblée par l’accélération de l’immigration de masse, suite au calamiteux « regroupement familial » de Giscard-Chirac en 1974.
La suite était écrite. La « crise économique » permanente entraînant le chômage et la paupérisation, une immigration qui avait complètement changé de nature et de dimension, devenant de ce fait inassimilable, tous les ingrédients étaient en place pour aboutir à la rupture dès la fin des années 80.
Les réponses inadaptées de la Politique de la Ville.
Dès lors les responsables en place se sont lancés dans la fameuse « Politique de la Ville » – au milieu des années 80 – dont on peut constater aujourd’hui l’échec, faute d’avoir posé le bon diagnostic.
Pas par ignorance ni par incompétence certes, mais par un refus idéologique de voir la réalité et d’en tirer les conclusions.
Depuis, ces quartiers « défavorisés » ont vu se déverser au niveau national des dizaines de milliards d’euros, au niveau de Blois des centaines de millions ( 243 millions pour le seul PRU !), et ne définitive rien ne change.
Un seul coupable : le racisme « ordinaire ».
Alors il faut bien trouver un coupable. Le « groupe de parole » l’a trouvé facilement, mais il fallait s’y attendre.
Vous avez compris, la seule explication à la violence, c’est « le racisme ordinaire ». Attesté par plusieurs témoignages qui vont tous dans le même sens, et dont certains paraissent pour le moins douteux.
Imaginer qu’une enseignante exerçant de surcroît dans ces quartiers, dans un métier où l’on connaît la forte orientation à gauche, ait pu dire à un élève que la profession était « réservée aux Français », cela paraît un peu fort de café.
Si cela s’était produit, nul doute qu’il y aurait eu une enquête et que l’enseignante en question aurait été aussitôt sanctionnée. Ce type d’affirmation est une véritable insulte pour le corps enseignant.
Il est étonnant que de tels propos soient publiés sans la moindre mise en garde.
A l’inverse, des centaines de Blésois pourraient témoigner des insultes racistes bien réelles dont ils sont l’objet quotidiennement, mais curieusement, il ne se trouve personne pour les entendre !
Conclusion : un article qui incite à la haine.
Au final cet article ne peut qu’inciter un peu plus à la haine et au ressentiment en désignant le seul coupable de tout ce qui passe : le Français moyen, qui essaie de vivre de son travail quand c’est encore possible, qui aspire à vivre en paix dans son quartier, qui évite les histoires, qui souvent doit faire profil bas et endurer les insultes.
De même, aborder la question des violences sous l’angle d’un dialogue entre deux religions est par ailleurs complètement absurde dans une société laïque.
Quant aux auteurs des délits et autres « incivilités », il vont se sentir encore une fois soutenus. L’article évoque ces « mauvaises paroles » qui expliqueraient tout, pourquoi pas pendant qu’on y est les « mauvais regards » (quand un « sous-chien » refuse de baisser les yeux dans certains lieux) ?
S’ils passent un jour au tribunal, leurs avocats pourront se servir de ces témoignages douteux pour étayer leurs plaidoiries.
Les Français, quelque soit leur origine, ne peuvent plus supporter ce genre de discours accusateur ni ce genre de mensonges.
Comptez sur nous pour rétablir systématiquement la vérité.
Michel Chassier
Conseiller municipal
Conseiller régional de Loir et Cher
La Nouvelle République a coté de la plaque.
Toujours du coté du manche !