Arnaud Beltrame : hommage au sacrifice d’un officier chrétien.
(photo Gendarmerie Nationale)
C’était hier l’hommage de la République auquel nous avons participé, certains par leur présence aux cérémonies, comme Marine le Pen et d’autres élus à Paris et dans les régions, d’autres simplement en suivant la cérémonie des Invalides à la télévision, puisqu’en Loir et Cher par exemple, aucun hommage public n’avait été prévu.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le discours de M. Macron, en particulier sur certains oublis volontaires, mais d’abord nous tenions à publier le témoignage du prêtre qui l’a accompagné jusqu’à ses dernières heures.
Témoignage d’un chanoine de l’abbaye de Lagrasse (Aude), le jour de sa mort, 24 mars 2018.
« C’est au hasard d’une rencontre lors d’une visite de notre abbaye, Monument Historique, que je fais connaissance avec le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et Marielle, avec laquelle il vient de se marier civilement le 27 août 2016. Nous sympathisons très vite et ils m’ont demandé́ de les préparer au mariage religieux que je devais célébrer près de Vannes le 9 juin prochain. Nous avons donc passé de nombreuses heures à travailler les fondamentaux de la vie conjugale depuis près de 2 ans. Je venais de bénir leur maison le 16 décembre et nous finalisions leur dossier canonique de mariage. La très belle déclaration d’intention d’Arnaud m’est parvenue 4 jours avant sa mort héroïque.
Ce jeune couple venait régulièrement à l’abbaye participer aux messes, offices et aux enseignements, en particulier à un groupe de foyers, ND de Cana. Ils faisaient partie de l’équipe de Narbonne. Ils sont venus encore dimanche dernier.
Intelligent, sportif, volubile et entraînant, Arnaud parlait volontiers de sa conversion. Né dans une famille peu pratiquante, il a vécu une authentique conversion vers 2008, à près de 33 ans. Il reçoit la première communion et la confirmation après 2 ans de catéchuménat, en 2010.
Après un pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray en 2015, où il demande à la Vierge Marie de rencontrer la femme de sa vie, il se lie avec Marielle, dont la foi est profonde et discrète. Les fiançailles sont célébrées à l’abbaye bretonne de Timadeuc à Pâques 2016.
Passionné par la gendarmerie, il nourrit depuis toujours une passion pour la France, sa grandeur, son histoire, ses racines chrétiennes qu’il a redécouvertes avec sa conversion.
En se livrant à la place d’otages, il est probablement animé avec passion de son héroïsme d’officier, car pour lui, être gendarme voulait dire protéger. Mais il sait le risque inouï qu’il prend.
Il sait aussi la promesse de mariage religieux qu’il a faite à̀ Marielle qui est déjà civilement son épouse et qu’il aime tendrement, j’en suis témoin. Alors ? Avait-il le droit de prendre un tel risque ? Il me semble que seule sa foi peut expliquer la folie de ce sacrifice qui fait aujourd’hui l’admiration de tous. Il savait comme nous l’a dit Jésus, qu’« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13). Il savait que, si sa vie commençait d’appartenir à̀ Marielle, elle était aussi à Dieu, à la France, à ses frères en danger de mort. Je crois que seule une foi chrétienne animée par la charité pouvait lui demander ce sacrifice surhumain.
J’ai pu le rejoindre à l’hôpital de Carcassonne vers 21h hier soir. Les gendarmes et les médecins ou infirmières m’ont ouvert le chemin avec une délicatesse remarquable. Il était vivant mais inconscient. J’ai pu lui donner le sacrement des malades et la bénédiction apostolique à l’article de la mort. Marielle alternait ces belles formules liturgiques.
Nous étions le vendredi de la Passion, juste avant l’ouverture de la Semaine Sainte. Je venais de prier l’office de none et le chemin de croix à son intention. Je demande au personnel soignant s’il peut avoir une médaille mariale, celle de la rue du Bac de Paris, près de lui. Compréhensive et professionnelle, une infirmière, la fixe à son épaule.
Je n’ai pas pu le marier comme l’a dit maladroitement un article, car il était inconscient.
Arnaud n’aura jamais d’enfants charnels. Mais son héroïsme saisissant va susciter, je le crois, de nombreux imitateurs, prêts au don d’eux-mêmes pour la France et sa joie chrétienne. »
Que l’on soit chrétien ou pas, on ne peut qu’admirer le sens du devoir, du don de soi jusqu’au sacrifice qui animait cet officier. En entendant hier dans la cour d’honneur des Invalides la Marche de la Garde consulaire à Marengo, beaucoup je pense avaient en tête les paroles de « la Prière » que le colonel Beltrame avait chanté à Saint Cyr : « Mon Dieu, donne-moi la tourmente, Donne-moi la souffrance… Mais donne-moi la foi, donne moi force et courage, Mais donne-moi la foi, Pour que je sois sûr de moi ! »
Question : c est quoi un franc maçon ?